Les Arpentis
Le domaine des Arpentis en Essonne
Le beau domaine des Arpentis toujours bien visible au milieu de ses terres forme un des ensembles les plus anciens de Vauhallan. A ce titre il a été inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques par arrêté du 15 mars 1988 (ISMH).
S’il faut en croire l’Abbé A.Geoffroy dans son ouvrage Pelrinage historique et religieux à l'Eglise de Vauhallan, réédité en 1994, par l'association Essonne Millénaire et toujours disponible au prix de 12 euros franco en s'adressant à l'Association Essonne Millanéaire aux bons soins du Syndicat d'Initiative de Vauhallan, Mairie, 91430 Vauhallan), il s’agit du premier fief laïc de la commune, érigé à une époque où l’église et les quelques maisons qui devaient l’entourer, était encore dépendante du domaine de Palaiseau propriété de l‘Eglise Saint-Germain-des-Près [de Paris] depuis la fin du Xème siècle ayant été auparavant domaine royal des mérovingiens. Le fief des Arpentis est attesté depuis la fin du 11ème siècle, aux alentours de 1086, où un certain Robert de Repenti est mentionné dans un acte du Prieuré de Longpont.. Seigneurie née de la féodalité et des défrichements qui l'accompagnent puisque ces petits fiefs du domaine royal avaient pour objectif de fidéliser des proches du roi en leur assurant un revenu issu du produit des terres. Elle s’inscrit tout à fait dans le cadre des micro fiefs comme l'Ile-de-France en a connu tant : ils sont de très petite taille car le roi ne veut pas de concurrents et en même temps il doit renforcer son pouvoir et les liens de fidélité sur le plus grand nombre. Mais la petite taille, comparée à celle des exploitations actuelles, doit être relativisée. Elle l’était moins au Moyen-Âge où "la seigneurie d'Arpentis se divisait en plusieurs fiefs…". L’endroit était en effet placé dans une situation assez stratégique comme on le constate encore de nos jours où le domaine demeure un des repères du plateau. « La maison seigneuriale d'Arpentis, occupait une des plus belles positions du pays, en face du vallon, sur les hauteurs de la plaine de Saclay. Elle était entourée de fossés comblés récemment et d'un parc aujourd’hui rasé ». Ainsi avant d’étudier les bâtiments et de retracer leur histoire et celle des lieux il est intéressant de citer quelques uns des possesseurs de ce domaine seigneurial .
Les possesseurs du domaine
Durant les trois premiers siècles qui suivent sa création le fief reste dans la mouvance féodale classique et les seigneurs d’Arpentis se succèdent les uns aux autres. Inscrits sur la porte de l’église après les travaux de l’abbé Geoffroy peuvent être cités Robert d'Arpentis (1170-1200), Henry d’Arpentis (1361). Par la suite, les fiefs étant de plus en échangés ou vendus en étant devenus des biens fonciers et non plus seulement des honneurs liés au devoir de service public auquel était lié le seigneur, les Arpentis se retrouvent, en 1402, aux mains de Jean de Vaucelles, écuyer. Il n’a pas de fils et l’aînée de ces deux filles, Marguerite, épouse, vers 1450, Jacquemin de Moulineaux, seigneur de Vauhallan à qui elle apporte le fief. Cette famille conserva le domaine, le fief étant donc rattaché alors à celui de Vauhallan. De 1464-1481 Jean de Moulineaux (mort avant 1481) sans doute fils du précédent, est seigneur d’Arpentis et de Vauhallan en partie. C'est très probablement sa tombe que l'on voit dans l'église, au bout de la nef, la plus rapprochée du choeur. On distingue encore sur la pierre la forme d'un manteau court, une épée, un casque et ce fragment d'inscription : « Ci git Jehan de Moulinaux en son vivant seigneur d’Arpenty et de Vauhallant qui trépassa le xxviii jour de mars... ». Ses fils lui ont succédé de 1481-1491. Jean de Moulineaux l’ainé et Jean de Moulineaux le jeune, chauffecire de la chancellerie, sont nommés dans plusieurs actes comme coseigneurs de Vauhallan et d’Arpentis. Ce sont des personnages importants pour Vauhallan et son développement. En effet, ils obtiennent en 1491, du roi Charles VIII, le rétablissement de l'ancienne foire de Vauhallan, la veille de la Saint-Barthélémy et d’un marché tous les vendredis. A leur mort sans enfant, la seigneurie passe à leur nièce, Marie de Moulineaux, fille d'Etienne de Moulineaux, seigneur de Saclay et prévôt de Châteaufort. Marie de Moulineaux épouse en troisièmes noces Robert Le Cirier, avocat au Parlement de Paris , à qui elle porte ses biens. Elle a du s’éteindre vers 1554 ne laissant de son mariage qu’une fille Marie Le Cirier, épouse de Pierre Fraguier. C’est à sa mort que les fiefs de Vauhallan et des Arpentis furent de nouveau disjoints. Par la suite quelques autres noms de possesseurs des Arpentis peuvent être cités. Maître Hurault dit Bergeon, notaire à Paris, devient seigneur des Arpentis en 1554 le fief passant alors définitivement aux mains de familles bourgeoises de Paris intéressées par les propriétés foncières mêlant production et droits divers et qui représentent alors la base de toute fortune. Par la suite on note un René Le Comte, avocat, seigneur « en partie d’Arpenti » en 1580. Quelques années après Loys de Menisson, seigneur de Repenti près Saclé, décédé le 25 mars 1587, se fera enterré à Paris dans la nef de l’Eglise des Filles Dieu. Au XVIIème siècle on trouve, vers 1640. Claude Bazin de Bezons, dont la famille fut illustrée par Jacques Bazin de Bezons, Maréchal de France, en 1709. Les Arpentis appartinrent durant toute la deuxième partie du 17ème et le début du 18ème à la famille de Bernetz . C'est sans doute la famille de Bernetz qui fut la dernière famille résidente aux Arpentis ce qui explique à la fois la construction soignée du logis du 17ème siècle et l'inhumation de Madame de Bernetz et de ses enfants morts en couche dans l'église de Vauhallan. Les Bernetz cédèrent le domaine, en 1719, à Claude François du Mas, Fermier général, seigneur de Corbeville. Ce dernier le revend au marquis et au duc de Beuvron de la maison d'Harcourt qui le conservèrent jusqu’à la Révolution.Des bâtiments chargés d’histoire
Si l’allure générale des Arpentis semble avoir peu changé depuis le XVIIIème siècle époque pour laquelle existe les premiers plans à peu près fiables, en revanche des évolutions notables sont apparues sur les bâtiments transformés jusqu’au XXème siècle. Il faut tout d’abord imaginer l’ensemble avec, d’une part des douves protectrices encore visibles sur les plans du XVIIIème et attestées par l’Abbé Geoffroy dans la seconde partie du XIXème ; d’autre part un parc d’agrément à l’ouest c'est-à-dire côté plateau et non côté village.
Actuellement les Arpentis se présentent sous la forme, assez répandue dans toute l’Ile-de-France d’une ferme close de murs à cour carrée. Plusieurs des bâtiments, pour lesquels un relevé avait été effectué en 1980 par le Service régional de l’Inventaire, sont intéressants. Si le fief peut être attesté au XIème siècle, l’ensemble du bâti actuel remonte pour les parties les plus anciennes au XVIIème siècle (ancien logis), l’essentiel étant des XVIIIème, XIXème et XXème (maison d’habitation actuelle). Le bâtiment le plus intéressant demeure celui de l’ancien logis qui fait face à l’actuelle entrée. A l’extérieur, on remarque, en particulier la porte d’entrée très soignée avec son bel encadrement et son linteau de grès taillé avec des refends. Un fronton triangulaire avec cartouche ovale surmonte le linteau. Le logis est couvert par un beau toit à quatre pentes. A l’intérieur, au rez-de-chaussée, cloisonné par des pans de bois, le sol est en partie carrelé et une trappe mène à une cave. Le dossier d’inscription de 1988 mentionnait également la présence des restes d’un plafond à solives peintes dans les pièces du rez-de-chaussée. Sur la paroi nord il y a une cheminée. L’escalier menant à l’étage commence par deux marches de pierre, le reste des deux volées est en bois. Le travail de la rambarde et des balustres en bois tourné est particulièrement soigné. A l’étage le sol est carrelé et une belle cheminée à manteau orne le pignon nord. Au dessus l’étage de combles a un sol en plâtre. Les autres bâtiments sont fonctionnels. Il s’agit de granges, étables, remises plus ou moins utilisées actuellement car peu ou plus adaptées aux nouveaux modes d’exploitation. Les douves ont entièrement disparu ainsi que d’autres bâtiments plus anciens qui ont sans doute existé comme un four à pain évoqué par les services de l’Inventaire ne 1980.
A noter à l’extérieur des murs la présence d'une marre. Les marres étaient un des attributs des grandes fermes. Elles avaient de multiples usages puisqu’elles servaient autant pour abreuver les animaux que pour arroser le potager ou encore comme réserve d’eau en cas d’incendie. Les marres disparaissent de plus en plus du paysage des grandes fermes.
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