Balade en Midi-Pyrénées
Il y a quelques temps j’avais présenté cette collection des éditions Alexandrines[1] qui, sous le nom générique « Balade en…sur les pas des écrivains », consiste à proposer une promenade à travers une région ou un département en donnant la « parole » à des écrivains du passé présentés par des auteurs modernes.
Pour nous préparer aux futures vacances un volume vient de paraître consacré à la région Midi-Pyrénées c'est-à-dire au quatre départements de l’Aveyron, du Lot, du Tarn et du Tarn et Garonne. Avec une préface de Dominique Reynié, professeur à l’IEP de Paris, il a été rédigé sous la direction de Rémi Soulié[2]. Une nouvelle fois il faut tirer un grand coup de chapeau à l’éditeur qui sait faire de ces « balades » autre chose qu’un simple guide touristique, recopiage pour la énième fois de ce que nous savons déjà tous. Avec ce livre nous allons de découverte en découverte. En effet non seulement nous parcourons parfois des lieux qui évoquent des souvenirs dont notre mémoire est déjà imprégnée, Françoise Sagan à Cajarc, Champollion à Figeac –et sur ce point l’article est très intéressant car il donne une approche nouvelle du lien entre cette ville et l’égyptologue-, ou encore Louis de Bonald à La Monna près de Millau, mais surtout nous découvrons une partie de l’âme profonde du pays à travers l’oeuvre de grands inconnus.
Sur ce point ce volume parait être différent des précédents qui restaient plus classiques dans les choix. Telle avait été l’impression de celui sur la Bretagne nord dont j’avais eu l’occasion de rendre compte. Nous y étions en compagnie d’auteurs connus. En Midi-Pyrénées, la balade dans l’érudition va bien au-delà puisque nous découvrons des auteurs qu’il y a encore peu nous aurions qualifié de locaux. Pourtant n’est-ce pas par eux que nous pouvons sentir l’âme des pays vivre ? Allons donc découvrir François Fabié, le chantre du Rouergue (et d’abord où est-ce le Rouergue ?) qui d’ailleurs a vécu le plus grande partie de sa vie à Cluny. D’autres ont du accepter cet exil car ces terres étaient rudes à vivre. Ces paradis ainsi souvent perdus, nombreux savent ainsi nous les faire partager, comme Jean Boudou, Jean-Henri Fabre, Henri Mouly, Antonin Perbosc et Gaston Puel… Tous ces auteurs nous font sortir d’un monde auquel tout parisianisme échappe. Leur nom même sent le terroir et toutes les richesses de l’au-delà de la ville. En les lisant on comprend mieux pourquoi nous sommes tous, si souvent, avides de prendre nos voitures et d’avaler des kilomètres pour aller à la rencontre des paysages, des pays et des hommes (des paysans ?) qui parlent autant à notre esprit qu’à nos cœurs.
Peut-être y-a-t-il derrière ces textes une certaine nostalgie, mais il s’agit alors d’une saine nostalgie. Celle qui permet de retrouver le goût du vrai. Celle qui se souvient que la France a été créée par ses paysans. Il faut ajouter, pour ceux qui voudraient être plus « actuels » et plus près de références plus classiques que le livre parle aussi d’André Breton, de Georges Pompidou, de Pierre Loti, de Lacordaire et de Las Cases parmi encore bien d’autres.
Ainsi ce volume plaira à beaucoup de lecteurs. Un très bel ouvrage à emporter en vacances… et à rapporter pour y puiser souvent un peu d’énergie quand, l’hiver venu, il fera sombre.
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